Par le rav Chlomo Danan

A l'issue de la période de purification de la personne frappée de Metsora (différents types d'affection de la peau touchant celui qui aurait fauté par médisance), la Torah nous enseigne que le prêtre prendra pour cette personne 2 volatiles pour le service expiatoire (Rachi en substance : celui qui a médit n'a pas su garder sa langue, de même les oiseaux gazouillent sans cesse...).

La question se pose de savoir pourquoi l'Ecriture exige "deux" volatiles. Un seul n'aurait-il pas suffi ? D'autre part, quelle signification peut-on donner au fait que l'un des deux sera offert en sacrifice et l'autre sera relâché dans les champs ?

Le Rav Ganzfried répond à ses questions en rapportant un commentaire talmudique sur le Psaume 58. Dans ce texte le Talmud stipule que l'activité principale de l'Homme dans ce monde doit être de se taire (littérallement se conduire comme une personne muette) ! Grace à cela nous allons comprendre la nécessité de l'offrande des deux volatiles. 

Les commentaires enseignent en effet que la raison du sacrifice d'un animal sur l'autel est de montrer à celui qui a fauté, le traitement qu'il méritait théoriquement du subir lui-même. Si un seul volatile avait été exigé et offert en sacrifice, celui qui a fauté en serait venu à la conclusion que le fait d'ouvrir la bouche pour parler, quel qu'en soit le sujet, est répréhensible et en déduirait que seul le silence total est digne de louanges. Mais à l'évidence ce n'est pas le but recherché par D.

En effet, le même texte talmudique poursuite : "Tu pourrais penser qu'il faut rester muet même concernant les paroles de Torah. C'est la suite du même Psaume 58 qui vient nous prouver le contraire et stipuler que prononcer des paroles de Torah est requis, nécessaire et apprecié de D. en particulier pour celui qui a fauté au préalable par la médisance !"

Une autre Guemara enseigne d'ailleurs au nom du Rav Hama bar 'Hanina: "Comment celui qui a dit du mal de son prochaine peut-il faire réparation ?" S'il est versé dans les textes il devra étudier la Torah.

Pour donc éviter toute méprise, la Torah vient prescrire à celui qui a fauté d'apporter un deuxième volatile, qu'on laissera en vie pour bien signifier qu'il existe des paroles qui génèrent la vie. 

Ce volatile symbolisant la Torah et laissé en vie sera relaché dans les champs. Le travail de la terre est harassant (labourage, récolte, ...) et cet oiseau prenant son envol vers cet univers de labeur vient ici nous rappeler toute la valeur de l'étude de la Torah lorsque les conditions matérielles demeurent précaires ou qu'un effort quel qu'il soit es nécessaire.

Chabbat chalom