Par Michel Bodokh - Extrait du livre Darach David du Rav D. Hofstedter

Dans son livre Darach David, le rav Hofstedter nous livre un enseignement sur le sens d'un des sujets qui nous concerne quotidiennement : le sujet éternel du chalom bayit, la paix dans le foyer.

Berechit 12,16 : La parachat Berechit nous rapporte le verset suivant « D fit du bien à Avram à travers elle (grâce à elle), il eut du menu et du gros bétail, des ânes, des servantes, des ânesses et des chameaux. » A propos de ce verset, la Guemara BABA METSIA 59A en conclut que : l’Homme doit toujours veiller à honorer son épouse car la bénédiction ne repose dans le foyer qu'à travers l’épouse comme il est dit : « Il fit du bien à Avram à travers elle (grâce à elle)

Rejoignant l'idée de ce commentaire, le rav Rava enseignait ainsi aux gens de MEHOUZA « honorez vos épouses afin de vous enrichir ».

Cependant, il semble y avoir une divergence d'avis concernant l'interprétation de ce verset : Rava, en conseillant à sa communauté d'honorer l'épouse afin de s'enrichir suggère que c'est le respect accordé à l'épouse qui est le vecteur de la braha et non l'épouse elle même. Autrement dit, c'est l'acte d'honorer son épouse qui engendre la braha, l'enrichissement.
La source de braha semble ici déplacée de la personne à l'action: de l'épouse elle-même, à l'action de l'honorer. Or le verset de Berechit parait claire: "D fit du bien à Avram à travers elle". L'épouse est ici au premier plan, elle est la source première de l'enrichissement et de manière inconditionnelle.
Yevamoth 62b se positionne également contre l'idée de Rava et affirme que c'est la présence de la femme qui est le vecteur inconditionnel de braha comme il est rapporté: « Un homme qui n’a pas d’épouse se trouve sans aucune joie.» comme il est dit « pour faire résider la bénédiction dans ton foyer » yehezkel 44.30.

Est-ce donc à travers la femme qu'Hachem accorde la braha ou à travers le fait de l'honorer ?

Voici la réponse qui se trame à travers l'enseignement de Rava. Si la femme est le réceptacle des bénédictions, encore faut-il qu'il y ait le canal adequat ! Les bénédictions qui viennent du monde spirituel doivent trouver un récipient adéquat pour les accueillir. Autrement dit, le Chalom Bait donc le respect de l'épouse constitue le vecteur qui permet d'acheminer la source de braha vers la personne à meme de l'accueillir : l'épouse. Dès qu’il n y a plus d’harmonie, plus de communication entre celui qui achemine la braha, l'époux et celle qui permet aux brahotes de se concrétiser et de se déployer dans le foyer, alors la source se tarie. Ainsi, chacun endosse le rôle qui lui est dévolu, le mari est celui qui donne et l’épouse celle qui reçoit et préserve le bien confié.

Ainsi Rava disait que pour mériter cette bénédiction il faut faire en sorte que le réceptacle de la bénédiction, l'épouse soit proche du canal, du mari. Cela permet de préserver l'intégrité des bénédictions que l'époux aura acquis par ses bonnes actions. Une braha arrive donc à bon port sur les rails du chalom bayit.

A travers cet enseignement, les deux raisonnements se complètent mutuellement. Lorsqu’un mari respecte son épouse, alors la bénédiction suit son itinéraire, est réceptionnée par l'épouse puis se déverse dans le foyer. Et plus le lien entre les 2 acteurs du foyer est fort, exponentiellement plus abondante sera le flux de bénédiction. En revanche si ces liens se détachent, la source se tarit, il y a une déperdition du flux de braha voire une perte totale.

Le chalom bayit, le respect, est donc le vecteur permettant à la femme de recevoir correctement les brahotes puis de les déverser dans sa maison. Particulièrement lorsque les revenus ne semblent pas suffire à couvrir les dépenses du foyer, on doit accorder un soin tout particulier à cette Mitsvah.

Chevah Lachem. Chabbat chalom.